Navettes, la Chandeleur comme à Marseille

Une recette, une histoire… Les Navettes de Marseille

La Chandeleur revêt une importance particulière à Marseille. Chaque 2 février, aux aurores, une procession de Notre-Dame-de-Confession, la Vierge Noire de l’Abbaye Saint-Victor, est organisée à la lumière des cierges et des flambeaux. Les fidèles accompagnent ainsi le trajet de cette Vierge Noire depuis le Quai des Belges jusqu’à l’Abbaye Saint-Victor. Une fois arrivé sur le parvis de l’Abbaye, l’Archevêque de Marseille, en présence du Maire, procède à la bénédiction de la ville, de la mer et des cierges verts de l’Abbaye, puis célèbre la Messe solennelle des fêtes de la Chandeleur.
Cette célébration daterait de l’an mil et aurait été instituée par l’abbé bénédictin Isarn.
Après la messe matinale, l’Archevêque se rend à la plus ancienne boulangerie de Marseille, le Four des Navettes, où il bénit le four, les fameux biscuits, ceux qui les façonnent, ceux qui les vendent, et ceux qui les mangent.
La coutume veut d’ailleurs que conserver durant une année une navette et un cierge vert − tous deux bénis par l’Archevêque de Marseille − est source de bonheur et de prospérité. Une fois l’année écoulée, le cierge peut être brûlé et la navette mangée car elle peut se conserver pendant douze mois.

Les Navettes, une origine mystérieuse

Vous l’aurez compris, à Marseille, ce sont les navettes qui sont à l’honneur à la Chandeleur. Ces petits biscuits en forme de barque délicatement parfumés à la fleur d’oranger ont néanmoins une origine incertaine.

La légende la plus populaire relate la création des navettes par Monsieur Aveyrous en 1781. Ce dernier aurait confectionné ce biscuit dans sa boulangerie − le fameux Four des navettes − et ce, en hommage à la barque miraculée « la Nave » transportant les Saintes Maries (Marie-Madeleine et ses deux sœurs Jacobé et Salomé) qui aurait accosté en Camargue au 1er siècle de notre ère. En effet, chassées par les Romains de la Terre Sainte pour avoir prêché la nouvelle religion chrétienne, les Saintes Maries ainsi que Sarah leur servante, Marthe, Lazare Maximin, Sidoine, Joseph d’Arimathie et d’autres disciples de Jésus furent déposés dans une barque sans voiles ni rames, qui portée par les courants, dériva sur la mer Méditerranée pour s’échouer sur les côtes de Provence.

Une autre légende raconte que les navettes tireraient leur origine d’une statue de la Vierge Marie qui aurait échoué vers la fin du XIIIe siècle aux abords de la calanque de Lacydon, l’actuel Vieux-Port de Marseille. Il est dit ainsi que les artisans marseillais y virent un signe de protection. Pour certains, elle fut Notre Dame du Feu Nouveau, pour d’autres la Vierge Protectrice des Gens de mer. Néanmoins, il est difficile d’établir un lien entre cet événement et la forme allongée de ce biscuit.

Enfin, la dernière légende associerait les navettes à un rite païen. En effet, dans cette acception, les navettes représentent l’entrecuisse de Vénus, déesse de la fertilité, de la végétation et de l’amour. Ces biscuits étaient donc mangés, lors des fêtes du solstice d’hiver, pour favoriser le retour de la fécondité humaine et de la fertilité des champs.

Quelle que soit leur origine, les navettes sont l’un des rares biscuits confectionnés sans levure ce qui permet de les conserver bien loties dans leur boîte en métal et de les savourer une année entière.
A Marseille, il se dit d’ailleurs qu’elles porteraient bonheur toute l’année à celui ou celle qui en mangerait une chaque mois de l’an.
Ces biscuits secs peuvent être croqués, trempés dans du thé ou du café ou encore légèrement réchauffés pour qu’ils retrouvent toute leur tendresse.

Recette adaptée de Les navettes de St Victor. On s’y approche !

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Photo de Liliana Fuchs, sous licence Attribution-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification.